En janvier 2016, l’équipe CAPeye a lancé une étude sur les freins et les leviers de la Politique agricole commune sur l’agriculture périurbaine et l’alimentation des villes. Ce travail a été mené sur le cas d’étude de la Métropole de Montpellier Méditerranée avec de nombreux entretiens auprès des acteurs locaux.
Ce travail a donné lieu à une présentation des résultats intermédiaires auprès des représentants de la Région, de la DRAAF, de la Métropole Montpellier Méditerranée, de la Chambre d’agriculture départementale et de l’APCA (Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture), ainsi que des élus locaux et des membres d’association liées au rural et à l’installation des agriculteurs.
Un synthèse des résultats a également été écrite et est disponible ici.
Sur le site CAPeye une nouvelle page thématique issue de cette étude a été rédigée, vous pouvez la lire ci-dessous et la retrouver dans la rubrique « Tout sur la PAC »
Quels apports de la PAC pour l’Agriculture Périurbaine et l’Alimentation Durable des Villes ?
En 2016, le projet CAP-eye a réalisé une analyse du « rôle de la PAC dans l’agriculture périurbaine et l’alimentation durable des villes», en prenant la Métropole de Montpellier et sa Politique Agricole et Alimentaire comme cas d’étude. La synthèse de ce travail (téléchargeable ici) présente les aides de la PAC les plus pertinentes et propose des pistes pour une future PAC plus adaptée aux enjeux de l’agriculture périurbaine.
Pourquoi l’Agriculture Périurbaine mérite-t-elle l’attention de la PAC ?
L’agriculture périurbaine – localisée à proximité des villes – fait face à des opportunités et des défis particuliers. D’un côté, les agriculteurs périurbains ont facilement accès aux services de la ville et aux marchés urbains où vendre leurs produits. Ils ont un potentiel important pour contribuer à l’approvisionnement local et durable des villes, par exemple par les circuits de proximité.
De l’autre côté, il peut être difficile de s’installer en agriculture autour des espaces urbains, où le prix de la terre est très élevé par rapport au milieu rural.
Les aides de la PAC en faveur de l’agriculture périurbaine et l’alimentation durable des villes
C’est surtout dans le cadre du deuxième pilier qu’on trouve des mesures pertinentes pour l’agriculture périurbaine. Bien qu’il cible plutôt les zones « rurales », la grande majorité des mesures proposées dans les Programmes de Développement Rural Régionaux sont aussi mobilisables en zone périurbaine.
Les exemples présentés ci-dessous sont tirés du Programme de Développement Rural Régional (PDRR) du Languedoc-Roussillon (identifiés ici par leur titre et chiffre correspondant dans le PDRR).
1. Soutenir une production agricole locale et durable
…par les installations agricoles : La mesure « Investissements des collectivités pour la reconquête du foncier agricole et forestier » (4.3.1) permet aux collectivités de financer des travaux collectifs d’aménagement (e.g. défrichage, restauration de fossés) nécessaires pour installer des agriculteurs sur des terres communales.
En Languedoc-Roussillon, les agriculteurs installés « en zones périurbaines soumises à une forte pression foncière » peuvent bénéficier d’une modulation de 10% sur leur Dotation Jeune Agriculteur (aide à l’installation du deuxième pilier).
…par une production plus verte : pour faire avancer d’adoption des pratiques de production durables autour des villes, le pilier II propose des aides à l’Agriculture Biologique (conversion et maintien), des Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) et des subventions du Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations Agricoles (PAEC). En France, ce dernier donne la priorité aux projets agro-écologiques.
…par un soutien pour les petites fermes : Les petites exploitations sont souvent plus concentrées à proximité des villes. Le régime de soutien spécifique et simplifié pour les petites exploitations (« small farmer scheme » ) est un dispositif optionnel que les Etats-membres peuvent choisir d’activer. Il permet aux petites exploitations d’accéder à une aide unique forfaitaire annuelle (de 500 € à 1 250 € par an) avec des exigences administratives minimales, et sans conditionnalité ni exigence de verdissement. Sur la période 2014-2020, la France n’a pas choisi d’activer ce dispositif.
2. Développer la transformation, commercialisation et distribution locale
Afin de renseigner les agriculteurs locaux sur les circuits courts et d’autres thématiques d’alimentation durable (diversification de la production locale, pratiques agro-écologiques), des établissements publics et privées peuvent mobiliser une sous-mesure du deuxième pilier pour les « projets de démonstration et des actions d’information » (1.2). Des nouveaux producteurs et leurs groupements peuvent bénéficier de la sous-mesure « aide à la nouvelle participation à des systèmes de qualité » (3.1 ) pour faciliter leur entrée dans des systèmes de certification de qualité au niveau européen (AB, AOP, IGP, STG, produits de montagne) ou national (Label Rouge, CCP). La mesure « aide aux activités d’information et de promotion mises en œuvre par des groupements de producteu
Afin de réduire la précarité alimentaire, les mairies peuvent promouvoir le programme « fruits à la récré » proposé dans le cadre de l’OCM fruits et légumes (1er pilier de la PAC). Ce programme donne une subvention aux écoles pour chaque fruit distribué gratuitement aux élèves, ceci en lien avec des activités pédagogiques sur la nutrition.
L’OCM fruits et légumes rend également possible le retrait caritatif : les surplus de production retirés du marché peuvent être redistribués gratuitement aux associations caritatives. Le premier pilier de la PAC prend en charge les frais de transport, triage et emballage.
3. Monter des Actions territoriales et collaboratives
Dans le cadre du deuxième pilier, le programme LEADER (« Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale ») permet à un Groupe d’Action Locale (GAL) d’animer des actions qui répondent directement aux enjeux territoriaux. Bien que les critères d’éligibilité pour les territoires périurbains varient entre Régions, LEADER a déjà été mobilisé en zone périurbaine à plusieurs occasions en Europe et en France.
Les GALs périurbains existants s’engagent par exemple pour la promotion des circuits de proximité, la diversification et une meilleure gouvernance alimentaire.
Depuis 2014, le Programme de Développement Rural Régional du Languedoc-Roussillon ouvre l’option de mobiliser la mesure « Ingénierie territoriale » en faveur des actions comme la reconquête de friches et la restructuration foncière, la création des espaces-test agricole et la structuration des filières autour des circuits de proximité. La mesure projets collectifs innovants (16.2) peut également soutenir de nouvelles actions sur des territoires périurbains et pourrait financer par exemple des recherches expérimentales sur l’agro-écologie.
Pour plus d’information sur les aides de la PAC en faveur de l’agriculture périurbaine et l’alimentation durable des villes, ainsi que nos propositions pour la prochaine réforme de la PAC, consultez la synthèse du projet CAP-eye sur cette thématique, téléchargeable ici.